Félix Arnaudin,
le guetteur mélancolique
Du 23 mars 2016 au 11 novembre 2017
Dans la seconde moitié du XIX ͤ, la plantation des pins bouleverse rapidement le paysage de la lande, son économie et les modes de vie des habitants. Profondément attaché à cette culture traditionnelle qu’il voit disparaître, Félix Arnaudin, né en 1844, décide, à l’approche de ses trente ans, de consacrer sa vie à la collecte du patrimoine oral et à la constitution d’une mémoire visuelle : projet colossal. Cette « Grande-Lande », il la parcourt inlassablement en quête d’images, de contes, de légendes, de chants, de proverbes, d’histoire locale et d’histoires naturelles, de croyances, d’usages, de mots de la langue gasconne… Ses champs d’exploration photographique s’organisent selon 4 grands centres d’intérêt : les paysages ruraux, les portraits, le bâti, les scènes de la vie quotidienne. Félix Arnaudin en donne une représentation construite, longuement réfléchie. Il accompagne ses images de notes écrites et parfois de croquis. Au-delà de son œuvre désormais reconnue, l’exposition et l’ouvrage qui l’accompagne, attestent d’une véritable œuvre photographique couvrant près d’un demi-siècle.
« Maintenant la lande n’existe plus.
Au désert magnifique, enchantement des aïeux, déroulant sous le désert du ciel sa nudité des premiers âges, à l’étendue plane, sans limites, où l’œil avait le perpétuel éblouissement du vide, où l’âme, élargie, enivrée, tantôt débordait de joies neuves et enfantines, tantôt s’abîmait dans d’ineffables et si chères tristesses, a succédé la forêt, la forêt industrielle ! Avec toutes ses laideurs [...], dont l’étouffant rideau, partout étendu où régnait tant de sereine et radieuse clarté, borne implacablement la vue, hébète la pensée, en abolit tout essor. » Félix Arnaudin
© Musée d'Aquitaine, Bordeaux